Ni le Dogue de Bordeaux ni le Cane Corso ne passent inaperçus. Leur carrure, leur regard, cette force tranquille qui émane d’eux : impossible de rester indifférent. Mais derrière la façade musculeuse, chacun raconte sa propre histoire, ses choix, ses nuances. Si l’idée d’adopter l’un de ces mastiffs vous trotte dans la tête, prenez le temps de regarder au-delà des apparences.
Les origines : Dogue de Bordeaux et Cane Corso
Le passé du Dogue de Bordeaux et du Cane Corso dévoile deux chapitres bien distincts de l’histoire canine européenne. Le Dogue de Bordeaux, symbole de la force française, partage un air de famille avec le Mastiff britannique. On l’a découvert dans la lumière des projecteurs grâce à « Turner & Hooch », mais sa notoriété remonte à bien plus loin, ancrée dans les traditions régionales. Ce chien a longtemps veillé sur les demeures des seigneurs, posté entre les murs de pierre et les terres de vignobles, fidèle et implacable.
Le Cane Corso, quant à lui, s’est forgé sur les terres italiennes. Héritier direct du Canis pugnax, il portait jadis l’armure des chiens de combat romains. La reconnaissance officielle par le Kennel Club italien en 1994, puis l’American Kennel Club en 2010, marque un tournant pour cette race restée longtemps dans l’ombre avant de conquérir le devant de la scène internationale. Son histoire, c’est celle d’un chien de ferme, protecteur des siens, compagnon de chasse, toujours prêt à défendre et à servir.
Le Dogue de Bordeaux s’inscrit dans la lignée des chiens de garde aristocratiques, imposant, sérieux, doté d’une prestance qui n’a rien perdu de son aura. Derrière ses rides et son air grave, il perpétue la tradition des chiens solides, taillés pour veiller sur les domaines et les familles.
Le Cane Corso, lui, a évolué comme un véritable couteau suisse de la campagne italienne : gardien, aide aux champs, allié des chasseurs. Sa reconnaissance officielle, tardive mais méritée, a permis de préserver ses qualités d’origine et d’assurer la pérennité d’un patrimoine génétique unique. Encore aujourd’hui, son intelligence et son énergie séduisent ceux qui cherchent un chien aussi polyvalent qu’attachant.
Portrait physique : comparaison entre le Dogue de Bordeaux et le Cane Corso
Pour qui s’intéresse à la morphologie, ces deux races occupent le haut du tableau.
- Dimensions et carrure : Le Dogue de Bordeaux impressionne par son poids, qui grimpe entre 60 et 80 kilos chez les mâles, 45 à 65 kilos chez les femelles. Sa masse musculaire ne laisse aucune place au doute : c’est un colosse. Le Cane Corso, plus athlétique, affiche une silhouette moins massive mais tout aussi puissante. Leur stature suffit à déclencher instinctivement un mouvement de recul chez certains inconnus.
- Robe et distinction : Les couleurs font la différence. Le Dogue de Bordeaux arbore une robe fauve, parfois soulignée d’un masque sombre qui accentue encore le sérieux de son regard. Le Cane Corso propose une palette plus variée, du noir au gris, en passant par le bringé ou le fauve, offrant ainsi aux amateurs davantage de choix esthétiques.
- Esthétique et prestance : D’un côté, le Dogue de Bordeaux se distingue par son visage marqué, sa mâchoire puissante, ses plis caractéristiques. De l’autre, le Cane Corso présente une tête plus équilibrée, des traits nets, l’expression déterminée du chien qui sait ce qu’il veut. Dans les deux cas, la force n’exclut pas la noblesse, et ces chiens affichent une élégance singulière, fruit de leur histoire et de leur sélection.
Caractère et comportement : similitudes et divergences
Les traits de caractère méritent une observation attentive, car c’est souvent là que tout se joue.
- Le Dogue de Bordeaux se distingue par sa loyauté et sa capacité à tisser un lien fort avec ses proches. Protecteur sans excès, il veille en silence, prêt à intervenir si la situation l’exige. Il a parfois ses humeurs : un côté boudeur, une pointe de sensibilité qui demande de l’écoute et du respect. Pour gagner sa confiance, mieux vaut miser sur la constance et la douceur, sans jamais tomber dans la mollesse.
- Le Cane Corso, fidèle à son héritage, conjugue intelligence et énergie. Il apprend vite, s’adapte à de nouveaux contextes avec une facilité déconcertante. Son tempérament équilibré en fait un compagnon fiable, aussi à l’aise dans la protection que dans le jeu. Il a besoin de stimulations, de défis, d’exercices : rien de pire pour lui que l’ennui.
Ce qui rapproche ces deux chiens, c’est leur instinct de protection. Mais cet atout peut vite tourner à la complication si la socialisation est négligée. Un Dogue de Bordeaux ou un Cane Corso bien éduqué, c’est un gardien sûr de lui, pas un chien agressif. L’équilibre passe par une éducation claire, des limites posées sans brutalité, et une attention constante aux signaux envoyés par l’animal.
Côté émotions, chaque race a ses subtilités. Le Dogue de Bordeaux, sensible, demande un respect de ses rythmes. Le Cane Corso, plus dynamique, reste stable et prévisible, à condition d’être cadré dès le départ. La cohabitation avec les enfants et les autres animaux doit toujours se faire sous surveillance, surtout lors des premières rencontres. Un incident peut vite arriver quand on a affaire à des chiens aussi puissants.
Éducation et soins : conseils pour un compagnon en bonne santé
L’éducation d’un Dogue de Bordeaux ou d’un Cane Corso doit commencer tôt, dès l’arrivée à la maison. Les méthodes positives, basées sur la récompense et la confiance, favorisent une relation saine et durable. Il faut de la patience, de la constance, et surtout la volonté de comprendre les besoins spécifiques de chaque race.
Concernant l’entretien, le Dogue de Bordeaux demande peu de soins grâce à son poil court. Gardez cependant un œil sur les plis de sa peau : un nettoyage régulier limite les infections. Pour lui, l’espérance de vie varie entre 6 et 12 ans ; une alimentation adaptée et un suivi vétérinaire rigoureux peuvent faire la différence.
Le Cane Corso, lui, réclame davantage de brossages : son pelage plus dense a tendance à perdre des poils, surtout lors des changements de saison. Ces séances de toilettage sont l’occasion de renforcer le lien, mais aussi de détecter d’éventuels soucis de santé.
Raymond Triquet, spécialiste reconnu des races molossoïdes, insiste sur l’équilibre à trouver : ces chiens au physique impressionnant cachent une grande douceur. Ils ont besoin d’un environnement stable, de routines rassurantes et d’un programme d’exercice taillé à leur mesure. La sédentarité n’est pas une option : pour éviter la prise de poids, il faut des promenades régulières, des jeux adaptés, et parfois même des activités sportives spécifiques.
La santé, enfin, ne doit jamais être négligée. Les Dogues de Bordeaux et les Cane Corso peuvent présenter des prédispositions à certains troubles : dysplasie de la hanche, soucis cardiaques ou digestifs. Les visites chez le vétérinaire permettent d’anticiper, de réagir vite, et d’offrir à ces géants la meilleure qualité de vie possible. Prendre soin d’un tel compagnon, c’est investir du temps, de l’attention et une bonne dose de rigueur, mais la récompense est à la hauteur.
Au bout du compte, choisir entre Dogue de Bordeaux et Cane Corso revient à s’interroger sur les attentes, le mode de vie et la capacité à accompagner un chien d’exception. Parce qu’adopter l’un de ces mastiffs, c’est accueillir bien plus qu’un chien : c’est ouvrir la porte à une présence aussi imposante qu’attachante, un pilier pour toute la famille.


